• Dans les sept arts en doctrinés

     

    Dans les sept arts en

     doctrinés

    Par les vieux sapins leurs aînés

    Qui sont de grands poètes

    Ils se savent prédestinés

    À briller plus que des planètes

    À briller doucement changés

    En étoiles et enneigés

    Aux Noëls bienheureuses

    Fêtes des sapins ensongés

    Aux longues branches langoureuses

    Les sapins beaux musiciens

    Chantent des noëls anciens

    Au vent des soirs d'automne

    Ou bien graves magiciens

    Incantent le ciel quand il tonne

    Des rangées de blancs chérubins

    Remplacent l'hiver les sapins

    Et balancent leurs ailes

    L'été ce sont de grands rabbins

    Ou bien de vieilles demoiselles

    Sapins médecins divagants

    Ils vont offrant leurs bons onguents

    Quand la montagne accouche

    De temps en temps sous l'ouragan

    Un vieux sapin geint et se couche.

    Guillaume Apollinaire 

    « Lettres »
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