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L’email a bien été copiéL'ex poticheJ'étais une potiche joliment ornéeSur une haute étagère, bien exposéeTous les jours, inlassablement je voyaisCes regards prétentieux sur moi se poserToujours à ma place, je devais être parfaiteMais j'avais déjà une autre idée en têteSouvent je me penchais, zieutant par la fenêtreEnviant les jardinières et leurs fleurs champêtresje voulais sentir la fraîcheur de la roséeSentir le parfum des primevères et des penséesMais au lieu de ça on m'avait déjà destinéA une vitrine sans âme , ennuyeuse prison doréeMarre de ces vases en cristal, au style rococoAlors un jour j'ai décidé de faire le grand sautDe cette étagère maudite je suis tombée de hautEt sur le sol, je me suis brisée en mille morceauxJ'avais bien triste allure, mais j'étais libre enfinPrès des vielles jardinières, au fond du jardinDans les herbes folles, je me sentais si bienFini de faire la cruche, prête à vivre mon destinAlors qu'entre luxe et superficiel, je ne pouvais que paraîtreExister à travers docilité, suffisance, futilité et semblant êtreMais j'étais, je suis et serais rebelle, curieuse qui veut simplement êtreEt de cette étagère en bois noble, absolument rien, je ne regretteJ'ai vu défiler les saisons, le soleil et la pluieLes neiges et les gelées ont écaillé mon vernisEntre mes éclats de porcelaine, quelques pissenlitsRien d'extraordinaire, mais cette vie je l'apprécieJe tente, bien sûr, de recoller mes morceaux un à unQuelques bourrasques m'ont ébranlé, mais en vainDe nombreux papillons m'ont frôlé de leurs ailes de satinEt de charmants oiseaux m'ont offert leurs chants cristallinsJe ne suis plus potiche mais simple pot de terre cuiteMoins tape à l’œil même si quelques touches de vernis persistentAu fond d'un jardin, au milieu des fleurs enfin j'existeEt peu m'importe les intempéries, de la vie, je profite
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