• L'origine du Vent

     

    Limousin

     

    Dans le temps, le Vent était un beau jeune homme qui se promenait partout dans la campagne.  Voici comment  il  est  devenu  invisible.

     

    Trois bergères gardaient leurs troupeaux au creux d'une combe. La pâture était abondante, les animaux calmes et les jeunes filles babillaient gaiement. Elles avaient quitté leurs capotes chaudes et épaisses dont deux étalées sur le sol leur servaient de coussins, tandis que les amples plis de la troisième dérobaient leurs jeunes corps aux morsures du froid et... aux regards curieux. Le Vent qui folâtrait par là, surprenant leur bavardage innocent et leurs rires étouffés, voulut prendre sa part du divertissement. D'un souffle brusque il souleva le vêtement pour le laisser retomber quelques pas plus loin. La conversation s'arrêta. Une des jeunes filles courut le ramasser et le bavardage reprit sous le manteau.

     

    Le jeu devenait intéressant. Le beau jeune homme qui s'appelait le Vent en arrivait à oublier ses courses folles dans la campagne,   ses   sauts   brusques   pour   passer d'une colline à l'autre, le long tunnel de la vallée où il aimait à s'engouffrer en poussant des hurlements joyeux. Seul, désormais, l'intéressait ce pan   d'étoffe  qui   lui   dissimulait   trois   visages rieurs. Il souffla de nouveau. Mais le vêtement, tenu par des mains fermes, ne bougea pas. Le Vent se rapprocha et souffla plus fort... toujours sans résultat. Agacé, il se rapprocha encore jusqu’a toucher le groupe, gonfla sa poitrine et... mais déjà il était saisi et solidement maintenu par des poignes nerveuses. Et tandis que dans un bruit d'ouragan,  le souffle puissant dispersait  les vêtements,   courbait jusqu'à  terre   les hautes tiges des bruyères, les jeunes filles, qui avec sa quenouille, qui avec son bâton, tapaient à coups redoublés sur le gêneur.

     

    C'est pourquoi il lui donna l'invisibilité car [...] ce taquin n'a jamais cessé de tourmenter les jeunes filles qui devisent de leur galant au creux des combes. 

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    Conte de l'Oiseau bleu

     

    (Vosges et Pays messin)

     

     

     

    Noé   après   avoir   lâché   la   colombe   prit l’Oiseau bleu (martin-pêcheur) et lui dit :

     

    — Toi qui connais les eaux, tu auras moins peur, pars aussi, vas voir si la terre reparaît.

     

    L'Oiseau bleu partit, bien avant le jour ; à ce moment s'éleva sur les eaux un si grand vent, que pour ne pas être précipité et submergé dans l’onde, il prit son essor vers le ciel. Il vola avec une rapidité extraordinaire, ne s'étant pas servi de ses ailes depuis bien longtemps ; aussi, arriva-t-il bientôt dans le bleu du firmament où il n'hésita pas à s'enfoncer. De gris qu'il était auparavant, son plumage se colora de bleu céleste.

     

    Arrivé à une grande hauteur, il vit le soleil qui se levait bien loin au-dessous de lui ; une invincible curiosité le poussa à aller considérer cet astre de près ; il dirigea donc son vol de ce côté ; plus il approchait du soleil, plus la chaleur devenait vive ; bientôt même les plumes de son ventre commencèrent à roussir et à prendre feu. Il abandonna son entreprise et revint précipitamment s'éteindre dans les eaux qui couvraient la terre. Après s'être plongé à plusieurs reprises dans l'onde rafraîchissante, il se souvint de sa mission, mais il eut beau regarder de tout côté, l'arche avait disparu.

     

    En effet, pendant l'absence de l'Oiseau bleu, la colombe était revenue avec une branche de chêne, puis l'arche poussée par ce grand vent que Dieu avait suscité exprès, avait touché terre, et Noé, sorti de cette demeure flottante, l'avait démolie pour en faire une maison et des étables. L'Oiseau bleu, ne voyant plus rien sur les eaux se mit à pousser des cris aigus et à appeler Noé.

     

    Aujourd'hui encore, on le voit cherchant le long des rives, s'il ne retrouvera pas l'arche ou quelques-uns de ses débris. Il a conservé jusqu'à nos jours sur la partie supérieure de son corps le plumage bleu de ciel qu'il a acquis dans le firmament, et son ventre est encore tout roussi par suite de l'imprudence qu'il a eue d'approcher du soleil.

     

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