A toi l'inconnu, à qui j'écris cette lettre Une fois encore, je partage avec toi mes mots Mon écriture penche et mon encre est aigrelette Me confier à toi me soulagera peut-être de mes maux C'est un parfum de nostalgie qui plane sur mes rimes D'un temps révolu à jamais mais pourtant si présent Des souvenirs heureux qui toujours m'assassinent Dans mon cœur mon amour n'est autre qu'un mort vivant Si la vie est un livre, j'en ai bien tourné des pages De nombreux chapitres sont venus noircir le papier J'ai changé de décors, croisé beaucoup de personnages Mais entre les lignes, toujours ce même filigrane gravé On m'a dit qu'avec le temps, tout s'en va, tout s'efface J'ai écrit d'autres histoires, florilèges de ratures Je n'ai trouvé aucune gomme qui soit assez efficace Cet amour là semble indélébile, éternel, et perdure On m'a dit alors de me laisser porté par le vent j'ai essuyé maintes tempêtes, mon cœur est une épave Dire « je t'aime » m'est devenu impossible et pourtant Je le murmure dans mes rêves, à Lui, d'une voix suave Si la vie est un route, j'en ai parcouru des kilomètres D'aventure en aventure, traînant mon lourd bagage J'ai avancé pas à pas, trébuchant sur des semblant-être Mais à l'horizon, je n’aperçois que son doux mirage C'est un parfum de folie qui flotte dans mes vers Celui d'un amour si puissant qu'il rend mon cœur stérile Je sais qu'il ne reviendra pas mais je ne peux m'en défaire Et dans chaque lueur d'étoile, c'est son rire qui pétille A toi, l'inconnu à qui j'écris cette lettre Je t'ai peut-être inventé pour m'épancher librement Avec toi, je peux être cette plume à Facettes Et tout te dire sans que tu ne portes de jugements