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Par provence26 le 6 Novembre 2019 à 16:01
Être jeune
La jeunesse n’est pas une période de la vie,
elle est un état d’esprit, un effet de volonté,
une qualité de l’imagination,
une intensité émotive,
une victoire du courage sur la timidité,
du goût de l’aventure sur l’amour du confort.
On ne devient pas vieux pour avoir vécu un certain nombre d’année :
On devient vieux parce qu’on a déserté son idéal.
Les années rident la peau ;
renoncer à son idéal ride l’âme.
Les préoccupations, les doutes, les craintes
sont les ennemis qui lentement, nous font pencher vers la terre
et devenir poussière avant la mort.
Jeune est celui qui s’étonne et s’émerveille.
Il demande comme l’enfant insatiable : et après ?
Il défie les évènements et trouve la joie au jeu de la vie.
Vous êtes aussi jeune que votre foi.
Aussi vieux que votre doute.
Aussi jeune que votre confiance en vous-même.
Aussi jeune que votre espoir.
Aussi vieux que votre abattement.
Vous resterez jeune tant que
vous resterez réceptif.
Réceptif à ce qui est beau, bon et grand.
Réceptif aux messages de la nature.
De l’homme et de l’infini.
Si un jour, votre cœur allait être mordu
par le pessimisme et rongé par le cynisme,
puisse Dieu avoir pitié de votre âme de vieillard.
Général Douglas Mac Arthur (1880-1964)
2 commentaires -
Par provence26 le 21 Octobre 2019 à 10:34
Victor HUGO
1802 - 1885
A un poète
Ami, cache ta vie et répands ton esprit.
Un tertre, où le gazon diversement fleurit ;
Des ravins où l'on voit grimper les chèvres blanches ;
Un vallon, abrité sous un réseau de branches
Pleines de nids d'oiseaux, de murmures, de voix,
Qu'un vent joyeux remue, et d'où tombe parfois,
Comme un sequin jeté par une main distraite,
Un rayon de soleil dans ton âme secrète ;
Quelques rocs, par Dieu même arrangés savamment
Pour faire des échos au fond du bois dormant ;
Voilà ce qu'il te faut pour séjour, pour demeure !
C'est là, - que ta maison chante, aime, rie ou pleure, -
Qu'il faut vivre, enfouir ton toit, borner tes jours,
Envoyant un soupir à peine aux antres sourds,
Mirant dans ta pensée intérieure et sombre
La vie obscure et douce et les heures sans nombre,
Bon d'ailleurs, et tournant, sans trouble ni remords,
Ton coeur vers les enfants, ton âme vers les morts !
Et puis, en même temps, au hasard, par le monde,
Suivant sa fantaisie auguste et vagabonde,
Loin de toi, par delà ton horizon vermeil,
Laisse ta poésie aller en plein soleil !
Dans les rauques cités, dans les champs taciturnes,
Effleurée en passant des lèvres et des urnes,
Laisse-la s'épancher, cristal jamais terni,
Et fuir, roulant toujours vers Dieu, gouffre infini,
Calme et pure, à travers les âmes fécondées,
Un immense courant de rêves et d'idées,
Qui recueille en passant, dans son flot solennel,
Toute eau qui sort de terre ou qui descend du ciel !
Toi, sois heureux dans l'ombre. En ta vie ignorée,
Dans ta tranquillité vénérable et sacrée,
Reste réfugié, penseur mystérieux !
Et que le voyageur malade et sérieux
Puisse, si le hasard l'amène en ta retraite,
Puiser en toi la paix, l'espérance discrète,
L'oubli de la fatigue et l'oubli du danger,
Et boire à ton esprit limpide, sans songer
Que, là-bas, tout un peuple aux mêmes eaux s'abreuve.
Sois petit comme source et sois grand comme fleuve.a
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Par provence26 le 21 Juillet 2019 à 21:08
beaux textes a méditer
Les voix
N’y aurait-il alors que cette voix profonde
perçue jadis dans la forêt d’enfance
et le jardin d’amour et la rivière
et la seule maison vive dans la mémoire
où les femmes tissaient les mots de la légende
voix venue de temps immémoriaux,
passant de bouche en bouche
et qui, dans le brouillard, nommait les dieux,
car tout alors baignait dans l’absolue beauté
de leur présence.
Et ils couraient dans les moissons,
mangeaient le pain,
dormaient sur notre paille,
tendres et familiers.
C’est en musique désormais que leurs voix
et la voix des femmes se prolongent
et s’efforcent vers nous,
vers l’espérance de nos cœurs.
Et c’est alors qu’il faut saisir,
aimer, bercer cette parole
dans la naissance du poème.
Jean Joubert
Extrait du livre : « Les voix du poème »
=====
Recette
Le jour où vous serez dans votre bonne assiette
procurez-vous:
un paquet d'alphabets en vrac,
Douze cuillerées à soupe de brise vanillée
un quartier de lune rousse
un zeste de sentiment (au choix)
750 grammes de rêve
10 centilitres d'Alcool (l’Apollinaire est recommandé)
(ou 20 centilitres si vous voulez donner leur part aux anges)
une pincée de virgules
Mélangez le tout
Faites chauffer 2 heures à 37° 5
Goûtez! (Si trop d'amertume, faites fondre une vieille histoire
d'amour et glacez le tout)
Dégustez votre poème avec quelques amis, mais un conseil :
Ne les gavez pas !
Jean François Agostini
(Extrait de Qu’est-ce qui mijote dans ma marmite à mots)
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Par provence26 le 11 Décembre 2018 à 11:46
LE LOUP/L'ENFANT ET L'ETOILE
Le loup dit à l’enfant : ce que je sais des étoiles, petit d’homme, je vais te le confier.
La vérité se trouve dans l’amour et l’amour est une étoile.
C’est lorsque l’on cesse de chercher son étoile que l’on devient vieux.
Le ver de terre, s’il est amoureux, est beaucoup plus proche des étoiles que l’aigle, si l’aigle n’aime pas.
Sais-tu quel est le plus grand des bonheurs ?
C’est d’apprendre, le jour où l’on découvre son étoile, qu’elle aussi te cherchait.
Les étoiles ne sont pas muettes, tu le sais bien, toi, les étoiles parlent.
L’homme ne les entend pas, mais un enfant oui, un loup aussi.
L’homme pourrait comprendre le langage des étoiles s’il connaissait le silence des loups.
Je sais aussi, petit d’homme que chaque être qui naît, naît en même temps que son étoile.
Plus cet être, au cours de sa vie, sera capable d’amour, plus son étoile scintillera.
Quand il mourra, son étoile lui survivra et sa lumière parlera de lui. Elle sera sa mémoire.
Retiens aussi cela, petit d’homme, l’étoile qui brille si fort et qui te semble inaccessible n’est peut-être que le reflet d’une étoile que tu portes en toi.✨
Jean-Paul SERMONTE
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Par provence26 le 24 Octobre 2018 à 18:18
poésies choisies pour vous
J'arrive où je suis étranger
Poète : Louis Aragon (1897-1982)
Recueil : La Diane française (1944).
Rien n'est précaire comme vivre
Rien comme être n'est passager
C'est un peu fondre pour le givre
Et pour le vent être léger
J'arrive où je suis étranger
Un jour tu passes la frontière
D'où viens-tu mais où vas-tu donc
Demain qu'importe et qu'importe hier
Le coeur change avec le chardon
Tout est sans rime ni pardon
Passe ton doigt là sur ta tempe
Touche l'enfance de tes yeux
Mieux vaut laisser basses les lampes
La nuit plus longtemps nous va mieux
C'est le grand jour qui se fait vieux
Les arbres sont beaux en automne
Mais l'enfant qu'est-il devenu
Je me regarde et je m'étonne
De ce voyageur inconnu
De son visage et ses pieds nus
Peu a peu tu te fais silence
Mais pas assez vite pourtant
Pour ne sentir ta dissemblance
Et sur le toi-même d'antan
Tomber la poussière du temps
C'est long vieillir au bout du compte
Le sable en fuit entre nos doigts
C'est comme une eau froide qui monte
C'est comme une honte qui croît
Un cuir à crier qu'on corroie
C'est long d'être un homme une chose
C'est long de renoncer à tout
Et sens-tu les métamorphoses
Qui se font au-dedans de nous
Lentement plier nos genoux
Ô mer amère ô mer profonde
Quelle est l'heure de tes marées
Combien faut-il d'années-secondes
À l'homme pour l'homme abjurer
Pourquoi pourquoi ces simagrées
Rien n'est précaire comme vivre
Rien comme être n'est passager
C'est un peu fondre pour le givre
Et pour le vent être léger
J'arrive où je suis étranger.
Louis Aragon.
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Titre : À Jeanne
Poète : Victor Hugo (1802-1885)
Recueil : Les chansons des rues et des bois (1865).
Ces lieux sont purs ; tu les complètes.
Ce bois, loin des sentiers battus,
Semble avoir fait des violettes,
Jeanne, avec toutes tes vertus.
L'aurore ressemble à ton âge ;
Jeanne, il existe sous les cieux
On ne sait quel doux voisinage
Des bons coeurs avec les beaux lieux.
Tout ce vallon est une fête
Qui t'offre son humble bonheur ;
C'est un nimbe autour de ta tête ;
C'est un éden en ton honneur.
Tout ce qui t'approche désire
Se faire regarder par toi,
Sachant que ta chanson, ton rire,
Et ton front, sont de bonne foi.
Ô Jeanne, ta douceur est telle
Qu'en errant dans ces bois bénis,
Elle fait dresser devant elle
Les petites têtes des nids.
Victor Hugo.
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