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Dis-moi un mot, fais-moi un geste.
Dis-moi un mot, fais-moi un geste
Tu vois j'ai fait le premier pas
Bien sûr je n'ai pas dit « je t'aime »
Mais pourtant je chante pour toi
Parce qu' il y a dans ton sourire
Un monde que je ne connais pas
Et comme c'est trop peu de le dire
Je voudrais le vivre avec toi.
J'aimerais t'écrire des poèmes
Sur des mots que j'inventerais
Des mots plus forts que des « je t'aime »
Des mots que toi tu comprendrais
Puis me perdre dans ton regard
Me laisser aller au bonheur
Oublier s'il est tôt ou tard
Perdre toute notion de l'heure.
Dis-moi un mot, fais-moi un geste
C'est peu et beaucoup à la fois
Et si c'est tout ce qu'il nous reste
J'aurai quelques regrets, je crois
Et je garderai dans mes rêves
Le plus beau souvenir de toi
Où tu me dis du bout des lèvres
Tous ces mots que l'on dit tout bas.
Moi j'ai besoin d'aimer pour vivre
J'ai tant besoin de ton amour
Et pas seulement pour survivre
Mais pour exister au grand jour
Moi j'ai besoin de la tendresse
Que tu as jusqu'au bout des doigts
Pour échapper à ma détresse
Et reprendre confiance en moi
Dis-moi un mot, fais-moi un geste
Même si cela ne se fait pas
Dans cette vie qu'est-ce qu'il nous reste
De beau si l'on ne s'aime pas
Dans cette vie qu'est-ce qu'il nous reste
De beau si l'on ne s'aime pas
Pierre Coutreau - juillet 1987
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Le Petit Prince
Chapitre 21.
C'est alors qu'apparut le renard.
-Bonjour, dit le renard.
-Bonjour, répondit poliment le petit prince, qui se tourna mais ne vit rien.
-Je suis là, dit la voix, sous le pommier.
-Qui es-tu? dit le petit prince. Tu es bien joli...
-Je suis un renard, dit le renard.
-Viens jouer avec moi, lui proposa le petit prince. Je suis tellement triste...
-Je ne puis pas jouer avec toi, dit le renard. Je ne suis pas apprivoisé.
-Ah! Pardon, fit le petit prince.
Mais après réflexion, il ajouta :
-Qu'est-ce que signifie "apprivoiser"?
-Tu n'es pas d'ici, dit le renard, que cherches-tu?
-Je cherche les hommes, dit le petit prince.Qu'est-ce que signifie "apprivoiser"?
-Les hommes, dit le renard, ils ont des fusils et ils chassent. C'est bien gênant! Il élèvent aussi des poules. C'est leur seul intérêt. Tu cherches des poules?
-Non, dit le petit prince. Je cherche des amis.Qu'est-ce que signifie "apprivoiser"?
-C'est une chose trop oubliée, dit le renard. Ca signifie "Créer des liens..."
-Créer des liens?
-Bien sûr,dit le renard. Tu n'es encore pour moi qu'un petit garçon tout semblable à cent mille petits garçons. Et je n'ai pas besoin de toi. Et tu n'as pas besoin de moi non plus. Je ne suis pour toi qu'un renard semblable à cent mille renards. Mais, si tu m'apprivoises, nous aurons besoin l'un de l'autre. Tu seras pour moi unique au monde. Je serai pour toi unique au monde...
-Je commence à comprendre, dit le petit prince. Il y a une fleur... je crois qu'elle m'a apprivoisé...
-C'est possible, dit le renard. On voit sur la Terre toutes sortes de choses...
-Oh! ce n'est pas sur la Terre, dit le petit prince. Le renard parut très intrigué :
-Sur une autre planète ?
-Oui.
-Il y a des chasseurs sur cette planète-là ?
-Non.
-Ca, c'est intéressant! Et des poules ?
-Non.
-Rien n'est parfait, soupira le renard.
Mais le renard revint à son idée :
-Ma vie est monotone. Je chasse les poules, les hommes me chassent. Toutes les poules se ressemblent, et tous les hommes se ressemblent. Je m'ennuie donc un peu. Mais si tu m'apprivoises, ma vie sera comme ensoleillée. Je connaîtrai un bruit de pas qui sera différent de tous les autres. Les autres pas me font rentrer sous terre. Le tien m'appelera hors du terrier, comme une musique. Et puis regarde! Tu vois, là-bas, les champs de blé? Je ne mange pas de pain. Le blé pour moi est inutile. Les champs de blé ne me rappellent rien. Et ça, c'est triste! Mais tu as des cheveux couleur d'or. Alors ce sera merveilleux quand tu m'auras apprivoisé! Le blé, qui est doré, me fera souvenir de toi. Et j'aimerai le bruit du vent dans le blé...
Le renard se tut et regarda longtemps le petit prince :
-S'il te plaît... apprivoise-moi! dit-il.
-Je veux bien, répondit le petit prince, mais je n'ai pas beaucoup de temps. J'ai des amis à découvrir et beaucoup de choses à connaître.
-On ne connaît que les choses que l'on apprivoise, dit le renard. Les hommes n'ont plus le temps de rien connaître. Il achètent des choses toutes faites chez les marchands. Mais comme il n'existe point de marchands d'amis, les hommes n'ont plus d'amis. Si tu veux un ami, apprivoise-moi!
-Que faut-il faire? dit le petit prince.
-Il faut être très patient, répondit le renard. Tu t'assoiras d'abord un peu loin de moi, comme ça, dans l'herbe. Je te regarderai du coin de l'oeil et tu ne diras rien. Le langage est source de malentendus. Mais, chaque jour, tu pourras t'asseoir un peu plus près...
Le lendemain revint le petit prince.
-Il eût mieux valu revenir à la même heure, dit le renard. Si tu viens, par exemple, à quatre heures de l'après-midi, dès trois heures je commencerai d'être heureux. Plus l'heure avancera, plus je me sentirai heureux. À quatre heures, déjà, je m'agiterai et m'inquiéterai; je découvrira le prix du bonheur! Mais si tu viens n'importe quand, je ne saurai jamais à quelle heure m'habiller le coeur... il faut des rites.
-Qu'est-ce qu'un rite? dit le petit prince.
-C'est quelque chose trop oublié, dit le renard. C'est ce qui fait qu'un jour est différent des autres jours, une heure, des autres heures. Il y a un rite, par exemple, chez mes chasseurs. Ils dansent le jeudi avec les filles du village. Alors le jeudi est jour merveilleux! Je vais me promener jusqu'à la vigne. Si les chasseurs dansaient n'importe quand, les jours se ressembleraient tous, et je n'aurais point de vacances.
Ainsi le petit prince apprivoisa le renard. Et quand l'heure du départ fut proche :
-Ah! dit le renard... je pleurerai.
-C'est ta faute, dit le petit prince, je ne te souhaitais point de mal, mais tu as voulu que je t'apprivoise...
-Bien sûr, dit le renard.
-Mais tu vas pleurer! dit le petit prince.
-Bien sûr, dit le renard.
-Alors tu n'y gagnes rien!
-J'y gagne, dit le renard, à cause de la couleur du blé.
Puis il ajouta :
-Va revoir les roses. Tu comprendras que la tienne est unique au monde. Tu reviendras me dire adieu, et je te ferai cadeau d'un secret.
Le petit prince s'en fut revoir les roses.
-Vous n'êtes pas du tout semblables à ma rose, vous n'êtes rien encore, leur dit-il. Personne ne vous a apprivoisées et vous n'avez apprivoisé personne. Vous êtes comme était mon renard. Ce n'était qu'un renard semblable à cent mille autres. Mais j'en ai fait mon ami, et il est maintenant unique au monde.
Et les roses étaient gênées.
-Vous êtes belles mais vous êtes vides, leur dit-il encore. On ne peut pas mourir pour vous. Bien sûr, ma rose à moi, un passant ordinaire croirait qu'elle vous ressemble. Mais à elle seule elle est plus importante que vous toutes, puisque c'est elle que j'ai arrosée. Puisque c'est elle que j'ai abritée par le paravent. Puisque c'est elle dont j'ai tué les chenilles (sauf les deux ou trois pour les papillons). Puisque c'est elle que j'ai écouté se plaindre, ou se vanter, ou même quelquefois se taire. Puisque c'est ma rose.
Et il revint vers le renard :
-Adieu, dit-il...
-Adieu, dit le renard. Voici mon secret. Il est très simple : on ne voit bien qu'avec le coeur. L'essentiel est invisible pour les yeux.
-L'essentiel est invisible pour les yeux, répéta le petit prince, afin de se souvenir.
-C'est le temps que tu as perdu pour ta rose qui fait ta rose si importante.
-C'est le temps que j'ai perdu pour ma rose... fit le petit prince, afin de se souvenir.
-Les hommes ont oublié cette vérité, dit le renard. Mais tu ne dois pas l'oublier. Tu deviens responsable pour toujours de ce que tu as apprivoisé. Tu es responsable de ta rose...
-Je suis responsable de ma rose... répéta le petit prince, afin de se souvenir.
Antoine de Saint Exupery.
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Le fermier et les alouettes
Voilà le printemps ! Dans un champs de blé, une alouette a bâti son nid et attend patiemment l'éclosion de ses trois œufs.
Toc, toc, toc ! une première coquille éclate et un tout petit oiseau chauve et à demi aveugle en sort en pépiant.
Toc, toc, toc ! les autres coquilles éclatent à leur tour et deux autres oisillons rejoignent le premier.
Madame Alouette est devenue l'heureuse maman de trois adorables oiselet et selon l'ordre consacré, la mère et les enfants se portent bien. Trois, ce n'est pas rien. Elle n'a plus une seconde à elle. Sa progéniture réclame à manger. Elle n'a de cesse d'aller et de venir pour leur apporter la nourriture. Ce ne sont plus des oiseaux, ce sont des ogres !
Maintenant, l'été est là. Malgré toute l'attention et les bons soins qu'elle leur a prodigués, les oisillons n'ont pas encore leurs ailes assez fortes pour pouvoir s'envoler. Lorsqu'elle regarde la couleur du blé, Madame Alouette sait qu'il est grand temps pour sa nichée de quitter le champs. Le temps des moissons ne doit plus être très loin et bientôt le fermier viendra et les délogera.
Un matin, avant de s'en aller en quête de nourriture, Madame Alouette réveille ses petits et leur dit :
- "Mes enfants, aujourd'hui, le paysan va certainement venir. Ecoutez bien ce qu'il dira et vous me répéterai mots pour mots ses paroles !"
Le soir, à son retour, elle trouve ses trois petits qui l'attendent les traits tirés par l'inquiétude.
Tous parlent ensemble dans un beau brouhaha :
- "Maman, maman, le paysan a dit qu'il viendrait demain pour faucher les blés avec toute sa famille !"
- "Fort bien, répond Madame Alouette, dans ces conditions, nous n'avons pas de souci à nous faire. Nous pouvons rester un jour de plus."
Madame Alouette avait raison et lorsqu'elle rentre au nid, le jour suivant, elle y trouve ses enfants qui tous en même temps lui racontent que le fermier est venu, qu'il a attendu toute la journée l'arrivée de sa famille et qu'il était très en colère.
-"A-t-il dit quelque chose ?" demande l'alouette.
- "Oh oui ! répond le plus petit des trois, il a dit qu'au moins ses amis ne le laisseront pas tomber et qu'ils viendront demain pour l'aider à rentrer sa récolte."
- "Fort bien, répond Madame Alouette, dans ces conditions, nous n'avons pas de souci à nous faire. Nous pouvons rester un jour de plus.
Le jour suivant, lorsqu'elle rentre au nid, elle trouve ses trois petits fort agités.
- "Maman, maman, les amis du paysan ne sont pas venus" dit le premier
- "Mais il a dit qu'il rentrerait sa récolte demain " enchaîne le second
- "Qu'il aura un coup de main de ses voisins puisqu'il les a aidés" termine le troisième.
- "Fort bien, répond Madame Alouette, dans ces conditions, nous n'avons pas de souci à nous faire. Nous pouvons rester un jour de plus.
Une fois de plus, l'alouette ne n'est pas trompée. Et, lorsque, le jour suivant, elle rentre au nid, elle apprend de ses trois enfants que fatigué d'attendre, le fermier a décidé de faucher son blé tout seul dès le lendemain.
- "Cette, fois, le paysan a compris qu'il vaut mieux faucher son blé tout seul que d'attendre le bon vouloir des autres. Il nous faut partir. Le fermier n'attendra pas un jour de plus !"
Et dès le matin suivant, les petites alouettes devenues suffisamment fortes, prennent leur envol avec leur mère, toujours très fière de ses petits…
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On ne peut arrêter le temps.
Quand revient la fin de l'été
Si je cherche dans mon miroir
Les images du temps passé
C'est que j'ai mal à la mémoire
Quand revient la fin de l'été
Je cherche en vain tes cheveux blonds
On a fauché les champs de blé
A l'époque de la moisson
Quand revient la fin de l'été
Si quelquefois j'ai l'âme en peine
C'est que j'ai longtemps espéré
Que tu reviennes
Et quand planté devant ma glace
Je regarde mes cheveux blancs
Mais il faut voir les choses en face
On ne peut arrêter le temps
Qu'ils étaient doux les soirs d'automne
Que l'on passait seuls tous les deux
Et ce n'était pas monotone
Au coin du feu
Tu me parlais de l'Amérique
Des grands lacs du Canada
Ou bien des déserts de l'Afrique
Et je te suivais pas à pas
Toi tu me tenais chaud au cœur
Moi je te donnais du courage
Nous arrivions toujours vainqueurs
Dans nos voyages
Et puis la vie de tous les jours
A usé nos rêves d'enfants
Quand j'y pense j'ai le cœur lourd
On ne peut arrêter le temps
Et quand bientôt viendra l'hiver
Tout sera recouvert de blanc
Quand le froid gèlera la terre
J'irai où nous allions avant
Et je lancerai aux oiseaux
Des grains et des miettes de pain
Ils ont peur de moi les moineaux
Mais toi, ils mangeaient dans ta main
Et puis je ferai un détour
Remonterai la grande allée
Le pas traînant et le cœur lourd
Faire semblant de se promener
Puis j'irai jusqu'au cimetière
Où tu reposes maintenant
Et je pleurerai sur la pierre
On ne peut arrêter le temps…
On ne peut arrêter le temps.
Pierre COUTREAU - juin 1985
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L'accent
Naître dans le midi
Et sans l’avoir choisi,
Ce coin de paradis,
Des Français, fait l’envie.
La mer et le soleil
C’est un vrais don du ciel
Et presque un héritage
Qu’on reçoit sans partage.
Oui mais voilà,
Au dessus de tout ça
On a reçu aussi
Cet accent du Midi.
Dés que l’on parle
Et que l’on dit « Maman »
C’est le chant des cigales ;
On le dit en traînent.
Dépassant nos frontières
J’ai connu Orléans ;
Je n’étais pas bergère
Mais j’amenais l’accent.
Etonnée qu’ils étaient
De m’entendre parler,
Je songeais il est vrai
A m’en débarrasser.
Et durant ces années
Ainsi bien entouré
L’accent tout doucement,
S’endormis lentement.
Aussitôt envolé
On allait le chercher
Avec quelques bons mots
Plus ou moins rigolo.
Et puis j’ai retrouvé,
Après bien des années
Cet endroit que jamais
Pour ne plus le quitter.
Mais tout a bien changé,
Je n’ai plus retrouvé,
Même chez les amis,
Cet accent du Midi
Avec les industries
Entourant le village,
C’est l’accent de Paris
Qui prend son avantage .
A présent, c’est fini !
Je m’en irai aussi.
Mais pour quelques années
J’entend bien le .garder !
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